De Zeiss à Yashica par la route
de l'est: 60 ans d'appareils photos
Appareils 24 X 36 télémétriques
pliants: une savoureuse spécialité allemande
Les forces en présence
Les appareils retenus devaient répondre
au cahier des charges suivant:
- Utiliser des cartouches
135 et livrer des négatifs au
format 24 X 36 mm;
- Etre équipés
d'un objectif rétractable à
soufflet
- Etre pourvus d'un système
de mesure de la distance télémétrique
couplé
|
|
Marque
|
Modèle
|
Année
|
objectif
|
Ouverture
|
Focale
|
Vitesses
|
Volume
(cc)
|
Poids (gr)
|
Agfa
|
Karat 36
|
1952
|
Xenon
|
1:2,0
|
50 mm
|
1 s-500e
|
475
|
660
|
Kodak
|
Retina IIa
|
1951
|
Xenon
|
1:2,0
|
50 mm
|
1 s-500e
|
460
|
570
|
Voigtländer
|
Vitessa
|
1952
|
Ultron
|
1:2,0
|
50 mm
|
1 s-500e
|
550
|
680
|
Zeiss
Ikon
|
Contessa (533/24)
|
1950
|
Tessar
|
1:2,8
|
45 mm
|
1 s-500e
|
530
|
610
|
Ces quatre appareils ont été produits
quasiment simultanément en Allemagne (la série Retina
de Kodak ayant été fabriquée par Nagel à
Stuttgart), et sont tous équipés du même excellent
synchro-Compur. Par ailleurs, l'Agfa et le Kodak font tous deux
appel à Schneider-Kteuznach pour leur optique
Xenon. Au sortir de la guerre, il n'y avait pas pléthore
de matériel disponible, mais la qualité remplaçait
heureusement la quantité!
Ils respirent la qualité, et la plupart des
exemplaires ne font pas leur âge: chrome, peintures et cuirettes
sont particulièrement bien conservées (sous réserve
des fameux "Zeiss bumps", boursouflures du revêtement
dues à une réaction chimique des rivets, qui affecte
ici essentiellement le Kodak, et dans une moindre mesure l'Agfa,
mais pas du tout le Zeiss...).
Le Zeiss embarque une cellule au sélénium,
ce qui ne constitue toutefois pas un atout: outre l'imprécision
intrinsèque de celle-ci, elle est inopérante sur
la plupart des exemplaires (ou en passe de l'être sur celui
qui illustre cette page...)
|
Esthétique
L'Agfa, le Kodak et le Zeiss procèdent de
la même inspiration, avec leurs arrêtes très
marquées et leurs coins coupés à 45°.
Le Voigtländer est radicalement différent,
ses formes toutes en courbes s'inspirent du style "Streamline",
avec un résultat plus que convaincant.
Une fois leurs objectifs déployés,
la pureté des lignes s'estompe, mais la précision
et la finition des mécanismes ne laisse pas indifférent.
.
Ergonomie générale
Ces quatre appareils présentent une
ergonomie radicalement différente, classique concernant le
Kodak Retina, plus originale pour les trois autres: un temps d'adaptation s'avère
nécessaire, et tous les utilisateurs ne trouveront pas forcément
leurs marques.
Chargement
Dos sur charnière sur tous les appareils à l'exception
du Voigtlânder, dont le dos solidaire de la semelle est entièrement amovible.
Dans tous les cas, la mise à zéro du compte-vue est
à effectuer manuellement. Attention: le compteur du Kokak
fonctionne à rebours...
Mise en place de l'objectif
Ici aussi quatre mécanismes différents:
abattant horizontal sur le Kodak, abattant vertical sur le Zeiss,
bloc optique coulissant sans abattant sur l'Agfa... et extraordinaire
système à doubles volets sur le Voiglländer,
libérés par une pression sur le déclencheur,
et dont l'ouverture a pour effet de faire sortir une tige du capot
supérieur, dans le plus pur style des gadgets de James Bond.
La lentille frontale de l'Agfa
est donc exposée lors du transport en l'absence du bouchon
d'origine habituellement manquant: un filtre UV de 29,5 mm est en
l'occurrence un bon investissement.
Avancement
Pas plus de solution standardisée concernant
l'avancement: si le Kodak (dans cette version...) adopte un levier
classique au pouce droit couplé à l'armement de l'obturateur,
l'Afga présente une molette qu'il convient de tirer vers soi
avec l'index pour avancer et armer l'appareil. L'avancement du Zeiss
s'opère par une molette située sur la semelle, mais
l'armement doit s'effectuer indépendamment, par un levier
situé sur la couronne de l'obturateur.
La fameuse tige érectile
du Voigtländer trouve ici son utilité, l'avancement
couplé à l'armement s'effectuant en enfonçant
ledit appendice. Déconcertant au premier abord, puis pratique
à l'usage.
Attention: comme signalé
plus haut tous ces appareils sont équipés du même
obturateur Compur, qui présente la caractéristique
parfois gênante de ne pas permettre de sélectionner
la vitesse la plus élevée (500e) une fois armé
|
|
|
Molette
d'avancement/armement de l'Agfa
|
Tige émergeant du capot du Vitessa
|
Déclenchement
L'Agfa, le Kodak et le Voigtländer possèdent
un déclencheur disposé sur le capot supérieur.
Celui du Zeiss est situé autour de l'objectif, ce qui en
pratique ne s'avère pas gênant.
|
|
Levier
d'avancement et déclencheur disposés de
manière très conventionnelle sur le Retina
|
En
haut à gauche, le levier du déclencheur du Zeiss, l'autre
levier étant celui de l'armement
|
Visée
Emplacement de l'oilleton: à
gauche sur les Voigtländer, Kodak et Zeiss (tant pis pour les
gauchers...) et au centre pour l'Agfa (tant pis pour les gauchers,
et les droitiers!).
Pour les porteurs de lunettes dont je suis,
il est difficile de maîtriser parfaitement le cadrage. Par contre
les télémètres s'avèrent relativement
clairs et précis. Notons que le Voigtländer est équipé
dans cette version d'un système de correction de la parallaxe.
Concernant l'Agfa, la mise au
point s'effectue en faisant coïncider les moitiés supérieure
et inférieure de l'image de visée, ce qui explique
le décalage vertical des fenêtres sue la face avant
du capot.
|
Sur le Zeiss, seul le bloc situé devant l'obturateur
assure la mise au point; sur les trois autres appareils c'est l'ensemble
du bloc optique qui se déplace, solution optiquement optimale.
Sur le Voigtländer, la mise au point s'effectue au moyen d'une
molette située à l'arrière du capot: déconcertant
mais bien pratique à l'usage.
Ces quatre appareils s'adressent à des
utilisateurs avertis: ils comportent tous des échelles
graduées de profondeur de champ.... qui seront d'autant plus
utiles que vous aurez entre les mains un appareil destiné
à l'origine à un pays utilisant le système
métrique!
|
|
|
Mise
au point par molette et échelle de profondeur
de champ sur le Vitessa
|
Le
déplacement de la partie de l'optique située
devant l'obturateur
assure la mise au point sur le Contessa.
|
Les quatre appareils possèdent
une griffe porte-accessoires sans contacts synchro pour le flash:
celle-ci doit impérativement s'effectuer via un cordon branché
sur la prise ad hoc. Pour rappel: l'obturateur central autorise
la synchro à toutes les vitesses...
|
|
|
N'importe
quel flash électronique avec cordon de synchro
fera l'affaire...
|
...si ce n'est sur le Voigtländer, pour lequel un
flash à la taille de guêpe s'impose en
fonction de cette tige d'armement décidément
facétieuse...
|
Ces trois optiques (le Kodak et l'Agfa partageant
la même...) ont une réputation superlative. Je n'ai
pas personnellement une expérience suffisante sur le terrain
pour émettre des jugements, tout au plus des impressions
très favorables concernant l'Ultron du Voigtländer et
le Tessar du Zeiss. Vos avis sont donc bienvenus, et viendront alimenter
la rubrique Vos contributions ci-dessous!
|
Ces appareils (à l'exception
du Zeiss: voir + haut) sont dépourvus de cellule:
un modèle à main, voire une appli smartphone, ou même
une cellule en
papier seront utiles pour ceux qui ne se fient pas à
leur instinct pour déterminer l'exposition...
Transport
Le Kodak, l'Agfa et le Zeiss sont
pourvus d'oeillets qui permettent de fixer une courroie standard. Rien de
tout cela sur l'Agfa: le sac TP d'origine révèle
ici tout son intérêt.
|
|
|
Le
sac T.P. en cuir du Voigtländer: une superbe finition.
Nice to have...
|
Le
sac T.P. de l' Agfa: difficile de s'en passer.
|
|
Agfa
Karat 36
Bien
conçu et bien fini, l'Agfa Karat dans cette version
est une très bonne machine à photographier.
Hormis
l'absence d'oillets
de fixation de courroie et la lentille
frontale davantage exposée que sur ses rivaux
du jour, il ne présente pas de défaut
rédhibitoire.. un choix raisonné.
Pour:
Contre:
|
|
Kodak
Retina IIa
Véritable
légende photographique, le Kodak Retina conserve
des atouts de nature à séduire le photographe
du 21e siècle. Très agréable à l'usage, fiable et performant : il ne
manque à ce Retina qu'un nom plus prestigieux.
Pour:
- Compact et léger
- Ergonomie bien pensée
Contre:
|
|
Voigtländer
Vitessa
Le Vitessa cultive l'art d'être différent, tant par son
aspect que par les solutions techniques mises en ouvre.
Pour:
- Esthétique originale
- Superbe construction
Contre:
|
|
Zeiss
Ikon Contessa
Ce Contessa concentre tout le savoir-faire de Zeiss dans un
appareil d'une finition exemplaire. Quelques regrets : l'armement sur la
semelle non couplé à l'avancement, la bague du diaphragme sous-dimensionnée.
Pour:
- Optique prestigieuse,
qualité mécanique
- Finition soignée
Contre:
- Armement non
couplé
- Ergonomie contestable
|
Variantes
Agfa Karat 36: Cet
appareil fait partie d'une longue lignée entamée en
1937. Les premiers exemplaires sont dépourvus de télémètre.
Attention: seuls les modèles à partir du Karat 36
ici présenté sont fonctionnels de nos jours, utilisant
des cartouches standard 135. La dernière version, Karat IV,
présente un capot redessiné avec les deux fenêtres
de visée au même niveau, ce qui à mon avis enlève
un peu à son charme.
Kodak Retina:
Il s'agit ici d'une des plus belles "success story" de
Kodak. La série des Retina a été produite de
1934 à 1969 à Stuttgart dans les usines de Nagel acquises
par Kodak en 1931. Le Retina est à la photo ce que la Coccinelle
est à l'automobile de cette époque: d'innombrables
versions et variantes, et un succès commercial extraordinaire
pour un produit qui correspondait étroitement aux attentes
de son marché. Pour l'anecdote: La photo prise le 29 mai
1953 par Sir E. Hillary au sommet de l'Everest fut réalisée
avec un modeste Retina type 118 d'avant-guerre. Le modèle
IIa ici présenté constitue à mon sens le meilleur
compromis, avec l'armement couplé à l'avancement sur
la capot supérieur (les modèles plus récents
ont le levier d'armement situé sous la semelle, et par ailleurs
des objectifs interchangeables peu pratiques puisque non-couplés
au télémètre).
Voigtländer Vitessa:
les premiers modèles sortis
en 1950 ne disposaient pas de sabot porte-accessoires, ni de correction
de la parallaxe dans le viseur. Le Vitessa L est une variante du
modèle présenté, qui possède une cellule
au sélénium. Une ultime version de 1956, le Vitessa
T, abandonne le soufflet pour une monture rigide et propose une
gamme d'objectifs interchangeables de 35 à 135mm.
Zeiss Ikon Contessa: Le
Zeiss Ikonta 35 (voir ma page "compacts") partage de
nombreuses pièces avec le Contessa, et peut être considéré
comme une version dépouillée de celui-ci.
Vos
contributions
Vous possédez un des appareils
décrits, ou un appareil de cette catégorie (folding
télémétrique 24X36): partagez
votre expérience en remplissant ce formulaire,
qui servira à alimenter cette page! En mon nom, et en celui de tous les internautes :
merci de votre
collaboration!
|
Les liens
[Index][Présentation][Bricophoto][ Galerie][La collection][Liens][A vendre]
Copyright (c) 2013. Tous droits réservés. pierre@dirapon.be
|