De Zeiss à Yashica par la route de l'est: 60 ans d'appareils photos

 Plaubel Makina 67

Le dernier des Mohicans?

Japon,  1978

HISTORIQUE

Plaubel fait partie de ces marques apparues au début du siècle dernier en Allemagne, à l'époque le berceau de la production d'appareils photo.

Fondée en 1902, la firme de Hugo Schrader s'oriente principalement vers la fabrication d'appareils de presse moyen format à soufflet sous le nom de Makina... la production s'achève avec la Makina IIIR, à la fin des années '60.

Plaubel Makina II S (1945-49) - Crédit photo retrography.com

La marque est rachetée quelques années plus tard par la firme japonaise K.K. Doi (㈱ドイ) active dans la distribution d'appareils photos.

Mr Doi Kimio, son dirigeant, entreprend de réaliser le meilleur moyen format télémétrique à objectif rétractable jamais produit. Un premier prototype réalisé en Allemagne par Plaubel ne lui donne pas satisfaction, et il décide de confier la production du Makina 67 à l'usine japonaise Konica, qui pouvait faire état d'une expérience réussie avec le Koni Omega.

L'appareil est présenté sous sa forme définitive en 1978, et connait immédiatement un large succès  auprès des professionnels et des amateurs exigeants (et fortunés...).

K.K. Doi réattribue la production à Mamiya en 1981, et celle-ci prend fin en 1986.

 De 1983 à 1985, N. Araki sillonne les quartiers "chauds" de Tokyo avec son Plaubel Makina 67:
il publiera un livre intitulé Tokyo Lucky Hole

 

TECHNIQUE

Une fois replié, l'appareil est extrêmement compact, mais sa construction soignée le pénalise au niveau du poids: 1.360 grames en état de marche.

Cetta apparente simplicité cache une mécanique complexe et sohistiquée: rares sont les réparateurs disposés à "mettre les mains sous le capot".
L'usine Plaubel (Allemagne) assure  la maintenance dans la limite des pièces dont elle dispose encore.
Seul travail à portée de l'amateur: le remplacement des mousses d'origine,  le plus souvent en état de décomposition.

L'objectif Nikkor ouvre à 2.8: seules dans cette catégorie certaines versions du Zeiss Super Ikonta proposent cette ouverture.
Il est équipé d'un filetage permettant de visser un filtre au diamètre 58, qui se loge sous le bouchon d'origine.
L'obturateur Copal B, 1-1/500e est d'une fiabilité exemplaire; il lui manque juste un retardateur.

Le point faible de cet appareil est incontestablement sa cellule, mise en circuit par le petit bouton situé en-dessous du levier d'armement
et affichant les résultats sous forme de diodes  +  o  -  dans le viseur.
Elle tire son alimentation et les informations ouverture/vitesse via un câble électrique multi-brins qui chemine dans un bras articulé visible entre les ciseaux.
A chaque ouverture/fermeture de l'appareil, ce cable est plié et déplié: un des brins finit un jour ou l'autre par se rompre
rendant la cellule inopérante.

Le chargement ne pose pas de difficulté particulière aux habitués de format 120.
La bobine débitrice à gauche est freinée par l'axe visible en haut de son logement,
pour garantir une tension constante du film.

Les deux verrous anodisés rouge libèrent les axes inférieurs des bobines, facilitant leur mise en place.

ERGONOMIE

L'erbgonomie est incontestablement le point fort du Makina 67. Levier d'armement à course unique au pouce,
déclencheur à l'index et ces deux mêmes doigts pour actionner la molette de mise au point:
tout est regoupé pour permettre des cadences de prises de vue élevées
(avant d'epuiser les 10 vues disponibles et d'être amené à décharger/recharger l'appareil...)
La qualité perçue en manipulant les commandes est exceptionnelle, et participe pour une part importante
au plaisir d'utiliser cet appareil.

PIECES ET ACCESSOIRES

Les pièces détachées (p. ex. le caoutchouc autour du viseur) et les accessoires (parasoleil)
sont soit introuvables soit hors de prix.
(un parasoleil d'origine avec son étui, bon état, s'est vendu 111 euros sur Ebay le 18/1/09..)
Ci-dessus un parasoleil Hoya réglable, pour quelques euros.

Pour améliorer la prise en main particulièrement en prise verticale, et pouvoir utiliser un flash dépourvu de cordon de synchro,
la poignée commercialisée pour le Fujifilm GA 645 Professionnal s'avère très pratique.

 Raffinement suprême, ou kitch absolu? L'étui dédié...

CONCLUSION

Le Plaubel Makina 67 est ce qui se fait de mieux dans le domaine: un objectif d'exception, un excellent obturateur et une finition exemplaire.
Seuls reproches: la fragilité de sa cellule, à laquelle on peut toutefois substituer une cellule à main, et l'absence de contacts de synchro sur la  griffe de flash.

Reste à en trouver un!
Comme indiqué, le tarif destinait essentiellement cet appareil à des professionnels, qui les ont souvent usés jusqu'à la corde.

Avec de la patience, il est possible de trouver un exemplaire utilisé par un amateur éclairé, parfaitement fonctionnel (y compris la cellule) 
et cosmétiquement correct pour le prix d'un kit réflex numérique de gamme moyenne...

Le manuel d'utilisation et caractéristiques (format PDF)

Les liens

http://www.galerie-photo.com/plaubel.html

http://www.kenrockwell.com/tech/plaubel.htm

http://www.camerapedia.org/wiki/Makina_67

http://nikomat.org/priv/camera/mednikkor/makina/makina-e.html

http://corsopolaris.net/supercameras/makina/makina.html

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